Samstag, 19. April 2008

The Black War - Chapitre 2


Milan, Italie.

L´architecte regarda le chantier.
Il n´y avait qu´un gigantesque trou dans le sol où s´affairaient une centaine d´ouvriers, mais lui pouvait déjà imaginer la magnifique Cathédrale qui s´y dresserait dans quelques années.
C´était un travail long et lourd de responsabilités, mais il s’agissait surtout de la consécration de sa longue carrière.
Il bénissait chaque jour de travail et rien n’aurait pu faire retomber son enthousiasme.

Du moins le croyait t´il.

Un cri retentit depuis le fond des fondations et une poignée d´ouvriers en sortit en hurlant de terreur.
Aucun n´était blessé mais leurs yeux laissaient transparaître une peur irraisonnée.
Ils refusèrent de décrire ce qu’ils avaient vu, et les démissions s’enchaînèrent en cascade, malgré un travail pourtant fièrement décroché.

L´architecte descendit en compagnie de quelques hommes armés de pelles, au cas où des voleurs se seraient introduits dans le chantier.
Arrivés dans la partie la plus profonde, ils trouvèrent l´origine du trouble.

L´objet était difficilement perceptible dans la pénombre, mais une fois qu´on l´avait remarqué, il était impossible de le quitter des yeux.
Il s´agissait d´un coffre aux décorations finement ciselées.
L´architecte ne comprit pas en quoi un objet aussi beau avait pu éveiller une telle terreur.
Il retourna l´objet et posa les yeux sur la face avant de l´objet.
Son sang se glaça et il fut lui aussi épouvanté par ce qu´il avait sous les yeux.
L´homme situé derrière lui résuma ce que tous avaient en tête :
« Le signe du Diable ! »




***



Le Sanctuaire, La salle du trône.

Eris avait sans cesse étranglé Athéna dans ses rêves et était constamment revenue à la vie dans ce but.
Mais cette dernière avait succombé à ses blessures et ce couard de Pope avait préféré ne pas livrer une bataille perdue d´avance.
Ayant pris possession des quartiers d´Athéna et laissé l´armure au pied de la Statue (Eris devenait furieuse rien qu´à l’idée de son contact sur sa peau !) elle essaya de se calmer tandis que le nouveau Pope se tenait immobile à ses cotés, le visage caché derrière son masque.

« Et comment devrai-je t´appeler ? »
« Je n´ai plus de nom désormais. Grand Pope suffira, votre majesté. »
« J´ai vu Athéna te remettre quelque chose avant de disparaître. Montre-moi cela. »
« Je ne vois pas de quoi vous parlez, majesté ! » répondit´il en serrant la bourse de velours dans sa main droite.
« Ne me prends pas pour une idiote : Athéna est plus futée qu´elle en a l´air. Si elle a fait l´effort de te remettre quelque chose avant son départ, c´est que cela est important. »
Ne pouvant cacher le dernier cadeau d´Athéna, le pope tendit le bras.
Eris s´empara de la bourse.
Celle-ci était d´une douceur extraordinaire et les magnifiques décorations qui l´ornaient attestaient de son origine divine.
Tous deux retinrent leur souffle lorsqu´Eris retourna la bourse pour en faire tomber le contenu dans sa paume.
« Une graine ? Une graine !!! Tout cela pour une simple graine ?!!! »
« Les voies d´Athéna… sont impénétrables » répondit le Pope sur un ton qui ne pût cacher sa propre déception.
Eris reprit : « C´est une ruse, il ne peut s´agir d´une graine classique. C´est encore un coup retors d´Athéna ! »
Excédée, elle commença à entamer la graine avec ses ongles, espérant trouver à l´intérieur la réponse au dernier don de son ennemie.
Mais la graine éventrée ne montrait rien d´anormal...
Eris la sonda à l´aide de ses sens divins, allant jusqu´au niveau subatomique.
« Cette graine ne se distingue en rien d´une autre. » finit-t´elle par lâcher.
Elle se retourna vers le Pope :
« Arrête cette mascarade et explique-moi ce que trame Athéna »
« Il est possible qu Athéna, affaiblie comme elle l´était, n´ait pas pu y enfermer le charme qu´elle souhaitait… » Répondit le Pope
Eris le fixa.
L´impatience avait fait place à la froideur la plus absolue.
« Enlève ce masque. Que tu puisses me cacher ton visage m´indispose. »
« Ma fonction m´y oblige. Le masque symbo… »
L´explosion de cosmos fit voltiger le Pope à travers la pièce.
Démasqué par le coup d´Eris, il retomba lourdement.
Austrinus voulut se relever mais le pied de la déesse sur son cou le maintint au sol.
Eris posa les yeux sur son visage et ne put cacher sa surprise.
Ce n´était pas le premier chevalier de bronze qu´elle tenait ainsi en son pouvoir. Mais les regards de ceux qu´elle avait affrontés auparavant l´avaient toujours maudite avant de s´éteindre sous ses coups.
Les yeux du chevalier du poisson austral trahissaient autre chose…
L´humain était sincère… et terrifié.

Eris s´écarta :
« Je comprends maintenant pourquoi ce masque est obligatoire.
Aucun soldat ne suivrait un chef dont le regard ne trahit que peur et désespoir…
Hors de ma vue !»
Austrinus se retira dans ses appartements.

Eris tira sur une corde et un garde entra dans la salle.
Elle lui jeta la bourse au visage.
« Débarrasse-moi de cela. »
« Et de quelle fa… »
« Dispose-en à ta guise et fiche-moi la paix ! »
Le jeune Niklos ne demanda pas son reste et sortit précipitamment de la salle du trône. Il se tourna vers son collègue afin de lui montrer son butin, mais l´autre ne lui en laissa pas le temps :
« Le chef de la garde t´attend pour discuter de ta journée de demain. A ta place je ne le ferai pas attendre »
Sur le chemin Niklos examina la bourse : un si bel objet lui rapporterait une bonne petite somme.
Ca ne fut qu´aux abords du Sanctuaire qu´il s’aperçut qu´elle contenait une graine en piètre état.
Il regarda autour de lui et sut immédiatement comment s´en débarrasser.

***






Italie. Sur la route de Rome.

« Capitaine ? »
« Oui, Antonio ? »
« C´est vrai ce qu´on dit ? »
« Quoi donc ? »
« Ben que ce qu´on escorte aujourd´hui… Que c´est un objet maudit ? »
« … »
« Un coffre qui appartient au diable… »
« Ecoutez Antonio, reprenez-vous ! Ce n´est pas la première fois que nous devons veiller sur un objet dont nous ne savons rien. Et à chaque fois vous tremblez à l´idée d´une embuscade !
Nous sommes une troupe de 30 soldats et 20 cavaliers.
A moins qu´on ne nous envoie une armée, rien ni personne ne peut nous inquiéter. »
« Certes, Capitaine, mais… il y a une différence entre des documents secrets, de grosses sommes d´argent, des personnalités de premier ordre et un objet maudit ! »
« Votre attitude peureuse déshonore l´armée et votre rang. Ce ne sont que des racontars
Alors arrêtez de poser des questions et pensez aux jeunes damoiselles avec qui nous irons nous saouler à Rome.
Nous ne finirons surement pas aujourd´hui dans les flammes de l´en… »

Les boules de feux surgirent de nulle part et frappèrent les chevaux en premier.
Fous de terreur, ils désarçonnèrent leurs cavaliers et s´enfuirent dans la foulée.
Les soldats sortaient leurs armes au moment même où une langue de feu apparut et forma un cercle autour d´eux.
Un homme atterrit au milieu et enflamma les templiers les un après les autres.
Antonio ne parvenait pas à retrouver son Capitaine. Mais quand il trouva son cadavre calciné, il comprit que la fin était proche. Il était le seul survivant et voulut pleurer. Mais la chaleur séchait ses larmes avant même qu´elles ne se forment.
Il inspira un grand coup l´air vicié par l´odeur des hommes carbonisés et se retourna pour faire face au malin. Ce qu´il aperçut fut encore plus étrange.
Un simple jeune homme traversa les flammes jusqu´à lui sans subir le moindre dommage.
Antonio ne vit pas venir le poing qui lui transperça le cœur.
Sa dernière pensée fut que si son assassin n´était pas le diable, il en avait bel et bien le regard…

***





La texture qui décorait le sol était singulière. Comme des écailles.
Un choc dû à de gigantesques foulées fit trembler les écailles… en réalité des insectes grouillant de toutes parts. Ceux-ci s´enfuirent dans l´ombre. Deux monstres aux contours indéfinis se firent face. Tout comme les insectes auparavant, il était difficile de les décrire. Ce qui dominait était surtout le sentiment de malaise et de peur qu´ils généraient tous deux. Ils entamèrent le combat et les blessures ne tardèrent pas, toujours plus conséquentes. Bien qu´ils semblaient tous deux faits de ténèbres, leur sang était bien réel.
La joute continua jusqu´à ce que les deux entités ne s’effondrent au sol, épuisées et incapables du moindre mouvement.
Les insectes se rapprochèrent alors. Constatant que les deux monstres étaient trop faibles pour bouger, ils plantèrent leurs crocs dans la chair encore palpitante et entreprirent de dévorer les gigantesques êtres dans une cacophonie discordante.

Austrinus se réveilla et alla vomir dans la salle d´eau.
Il vit son visage blême dans le miroir.
Celui qui avait fièrement combattu les troupes d´Hadès et fait honneur à son titre de chevalier en abattant cinq spectres à lui tout seul n´était plus que l´ombre de lui-même.
Même le sommeil ne lui apportait pas le moindre réconfort.
Qu´avait donc Athéna en tête lorsqu´elle le nomma Pope ?
Jean de la Vierge ou Donner du Capricorne avaient bien plus le profil que lui.
Comment devait-t´il diriger le Sanctuaire alors que sa supérieure incarnait tout ce que ses pairs et lui avaient toujours combattu ?
Seul dans son appartement, Austrinus s´autorisa ce qu´il ne s´était jamais permis durant toute la guerre Sainte : il se mit à pleurer.

***





Italie.

La taverne était suffisamment éloignée du lieu de l´embuscade pour qu´on ne l’y recherche pas.
L´assassin avait accepté d´attaquer la compagnie de cavaliers sans hésiter.
La somme qu´il avait reçue de son commanditaire était plus que coquette et il s´était empressé de prendre ce travail.
Curieux de voir ce qui pouvait valoir une telle somme, il avait discrètement forcé le coffre de bois pour en observer le contenu.
Et ce qu´il avait aperçu ne laissait pas de l´étonner.
Il en avait déjà entendu parler, mais il n´aurait jamais pensé en voir un jour.
Un tel objet n´était pas utilisable par tous et il se demandait ce que son commanditaire allait bien pouvoir en faire.
Ce dernier franchit justement la porte de la taverne, commanda rapidement une bière et vint s´assoir face a l´assassin.
« Vous avez récupéré l´objet ? »
« Bien sûr. Si je suis aussi cher, c´est justement parce que je n´échoue jamais. »
« Très bien ! Voila la deuxième partie de la somme » dit le commanditaire
L´assassin s´empara de la bourse et y jeta un bref coup d´œil.
« Je ne recompte pas. Vous savez que vous subiriez le même sort que l´escorte si vous me rouliez. »
« Alors nous en avons fini tous les deux. »
Le commanditaire ramassa le coffre et quitta la taverne, laissant l´assassin seul avec ses pensées.
Il y avait de cela quelques années, ce jour aurait été le début d´une palpitante aventure. Lui et ses deux compagnons de route auraient enquêté et mis à jour le danger qui venait de pointer sous ses yeux.
Mais ces temps-là étaient finis.
Tous les trois avaient été bannis et depuis ils n´avaient nulle part où aller. Ni maître ni cause à servir.
Rien d´autre à faire que d´utiliser leurs talents pour tuer et gagner facilement de l´argent au prix de vies humaines.
Quant aux deux autres, maintenant qu´il y pensait, pourquoi ne pas les retrouver et leur raconter ce qu’il avait vu ?
Cela n´allait rien changer à leurs vies, mais cela faisait au moins une bonne excuse pour aller parler du bon vieux temps avec eux.
« Le bon vieux temps. Parler ainsi quand on à peine vingt ans… » Se dit´il à lui-même.


***




France, Région du Gévaudan, Comté de Vorangias

Le jeune Alistair Vorangias, membre de la famille la plus influente de la région, avançait d’un pas fébrile.
Les derniers mois avaient été difficiles.
Pas financièrement mais politiquement.
L´inquisition était venue enquêter suite à des disparitions répétées de jeunes gens dans la région. Et son regard s´était naturellement tourné vers le Comté de Vorangias.
A raison. Les exactions de sa famille avait toujours été commises de façon à ne pas éveiller les soupçons, mais l´Inquisition ne raisonnait pas logiquement, et dans sa manie de soupçonner tout le monde, elle n´avait pas été bien loin de trouver le pot aux roses.
En mission pour son père dans la ville voisine, Alistair avait reçu une lettre de ce dernier qui lui demandait de revenir au château : les accusations avaient été classées sans suite et l´inquisition venait de se retirer.
Et pourtant c´était une autre raison qui provoquait à la fois nervosité et enthousiasme chez Alistair.
Sa famille avait des projets qui dépassaient de très loin le cadre de leur habituel domaine d´influence…

Il entra dans le bureau de son père et referma la porte à double tour.
Personne ne pouvait plus entendre ni voir ce qui s´y tramait.

La plus grande partie de la pièce était plongée dans la pénombre, mais Alistair voyait clairement son père verser du vin dans deux verres.
Ce dernier savait pertinemment qu´Alistair ne buvait pas d´alcool. Il y avait bien un événement important à fêter.

« Merci d´être venu aussi vite, fils. » dit´il en lui donnant un verre.
« Je crois que vous avez quelques nouvelles à me donner, père ? »
« L´inquisition est partie ce matin. Nous avons enfin réussi à nous en débarrasser ! »
J´ai fait porter le chapeau à un dément du village voisin. Nous avons placé quelques cadavres dans son grenier et ordonné d´arrêter les rites et les enlèvements pour quelques temps »
« Et l´inquisition a tout avalé d´un bloc ? »
« Et comment qu´ils ont gobé ! Ce pauvre fou incapable de la moindre phrase poussait des cris toujours plus forts à chaque nouvelle accusation. Nous avons fait mutiler les cadavres si abominablement que les jurés ont été incapables du moindre doute! Apres des mois à chercher sans succès les disparus, l´inquisiteur donnait l´impression d´avoir trouvé le Saint Graal ! Il est déjà en route avec son prisonnier et doit imaginer son arrivée triomphale à Rome.
Non seulement ils n´ont pas pu prouver que nous y étions liés mais nous sommes définitivement disculpés.
Tant mieux ! Rien ne m´aurait plus révulsé que d´être accusé de satanisme ! »
Il marqua une pause.
« Les imbéciles. Le Dieu unique et le Diable n´existent pas. Les hommes mettent le malin sur tout ce qu´ils ne comprennent pas et notre culte n´échappe malheureusement pas à la règle. »
« Violence, mort, sexe et sang ne sont pas forcément synonymes de Satanisme. Et notre culte existe depuis bien plus longtemps que ceux qui ont cours aujourd´hui ! »

« Père, je me réjouis de voir notre famille débarrassée de ce danger, mais j´imagine que ce n’est pas cette seule nouvelle qui justifie que vous me fassiez revenir si promptement chez nous. »
Le Comte de Vorangias regarda son fils en souriant mais n´ouvrit pas la bouche.

« Elle est revenue parmi nous »
La voix était dure mais ne pouvait cacher un charmant accent italien.
Alistair se retourna et vit une magnifique jeune femme qui l´observait dans l´obscurité.
La froideur de son regard était aussi grande que sa beauté.
C´était une albinos et ainsi cachée dans l´ombre, elle donnait l´impression d´être un fantôme.
Elle lui prit le verre des mains et continua :
« La Déesse est sortie de son sommeil, mais elle n´est pas encore en possession de tous ses moyens.
Nous devons aller à elle et la protéger de toute influence extérieure jusqu´à son réveil complet »
Alistair se reprit : « Et vous êtes ? »
« Je suis Elrika, la fille du Comte Giovanni. Je viens de Milan. »
« Il y a de cela quelques jours, le coffre ici présent est remonté à la surface par la volonté de notre Déesse » continua t´elle en désignant l´objet à ses pieds.
Il est réapparu sous les fondations d’une cathédrale, aussi l´Eglise s’en est emparé tout de suite et l’a envoyé sous escorte vers le Saint-Siège afin de s´en débarrasser à jamais. Mon père dut engager un assassin pour le voler et nous le remettre en toute discrétion. »

« Depuis j´en suis l´heureuse propriétaire » acheva-t-elle en tirant sur le voile.
Alistair posa son regard sur la face avant du coffre.
« Je comprends l´effroi de l´Eglise. Trouver un coffre noir recouvert d´une tête de bouc dans les fondations de l’un de leurs lieux saints ne peut qu´affoler dans cette époque de superstitions effrénées »
« Mais vous et moi savons qu´il ne s´agit nullement d´un bouc, mais d´un bélier …»

« Père, c’est donc pour cela que vous m´avez rappelé ? »dit Alistair en s´agenouillant.
« Accompagner et servir un chevalier d´or noir est un immense honneur. Vous pouvez me faire confiance. »
Le Comte s´approcha du meuble situé derrière son bureau et en ouvrit doucement les battants.
« Non mon fils, tu accompagneras bel et bien Dame Elrika. Mais en tant qu´égal. »
Alistair ne pouvait détacher son regard du coffre que tenait son père.
Il était identique au premier, à l´exception du Symbole frontal.
Une balance noire.

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