Samstag, 19. April 2008

The Black War - Chapitre 1

L´an 1349.

Le groupe de guerriers marchait d´un pas lent et fatigué.
Tous avaient l´allure de soldats revenant d´une guerre livrée dans une contrée éloignée et gagnée au prix de mille souffrances et sacrifices.
Et c´était le cas.
La caravane s´arrêta devant les portes du Sanctuaire d´Athéna.
Enfin chez nous ! déclara le chevalier de Bronze de la Couronne Australe.
« Amenons Athéna à son temple le plus vite possible. » répondit le chevalier d´or de la Vierge.
« Non. » Répondit une femme dans le carrosse principal.
« Nous allons au cimetière. »
Tous les chevaliers présents blêmirent.

Le jeune chevalier de bronze du Poisson Austral s´approcha des rideaux du carrosse.
Visiblement gêné d´aller a l´encontre des ordres de sa supérieure, il passa sa main dans ses cheveux bouclés et se lança :
« Votre majesté… Nous pouvons enterrer nos compagnons par nous-mêmes. »
« Reposez-vous donc dans votre temple. Avec de bons soins et du repos, vous serez bientôt de nouveau sur pieds. »

« Non Austrinus. Ma décision est prise. Nous allons tous au cimetière. »

La voix de la déesse était si faible que les chevaliers pâlirent encore plus.

***
La caravane s´arrêta devant un parterre recouvert de fleurs multicolores d´ou émergeait de petites stèles portant chacune le nom d´un chevalier mort au combat depuis la nuit des temps.
Les tombes s´étalaient à perte de vue.

Le soleil était au zénith et faisant chatoyer encore plus les couleurs environnantes.
Ce spectacle redonna le sourire aux survivants.

Mais il disparut de leur visage lorsque la déesse sortit de sa voiture, soutenue par deux hommes.
Le premier ressemblait à un ange. Ses courts cheveux blonds brillaient sous l´intense lumière et pourtant ce n´était rien en comparaison d´un regard si perçant que peu de ses pairs pouvait le soutenir.
L´homme était presque trop beau pour être vrai.
Le deuxième était l´image même du guerrier accompli. Si ses cheveux roux lui donnait un air amical, sa tunique cachait difficilement un corps musclé et puissant.
Ils portaient respectivement l´armure de la Vierge et du Capricorne.

Le bandage qui serrait la poitrine de la déesse était imbibé de sang. Il avait régulièrement été changé depuis la Chine, mais la blessure ne s´était jamais refermée.
Athéna repoussa ses deux serviteurs et se plaça au centre du champ.

« Il est temps… pour moi de partir. »

« J´aurais aimé rester plus longtemps mais la blessure infligée par l´épée d´Hadès ne me laisse pas de répit. Si je meurs dans ce corps humain, il me sera impossible de me réincarner lors du prochain retour du dieu des Enfers».

« Il me faut donc me désincarner et tomber dans un sommeil réparateur le plus tôt possible. »

Sa peau était blafarde et nombre de ses longs cheveux châtains avaient en grande partie viré au blanc.
Athéna n´avait plus de divin que le titre : la jeune femme était aux portes de la mort.

« Je vais nommer un nouveau Pope pour vous diriger. Un homme en qui je place toute ma confiance et auquel il faudra vous soumettre de tous vos corps et de toutes vos âmes. »

« Ses mots seront mes mots, ses décisions seront les miennes. »

Tous savaient ce qui allait suivre.
Un nouveau Pope allait être choisi parmi les chevaliers d´or, étendant le respect et l´autorité de son rang à tout le Sanctuaire.
Deux des trois chevaliers d´or s´approchèrent et s´agenouillèrent devant Athéna.

Le troisième, Victor du Bélier, ne réagit même pas. Il ne prêtait visiblement aucune attention à son entourage.
Certains des chevaliers présents s´agacèrent de le voir mépriser aussi ouvertement le protocole.
Mais une fois les yeux posés sur son visage, tous comprirent l´inutilité d´une remarque.

« Promettez-vous d´obéir au futur Pope comme à moi-même ? Le soutiendrez-vous dans toutes les conditions, même et surtout les plus désespérées ? »

La petite foule répondit comme un seul homme : « Nous le promettons ! Pour la justice et la paix sur terre, nous en faisons le serment!!! »

Athéna eût un sourire comme ils n´en avaient pas vu depuis trop longtemps.
Ce sourire disparut lorsqu´elle prit le casque du Pope tué lors de la guerre sainte : Un trou sur son côté trahissait la cause du décès de son ancien propriétaire.
Sous l´influence du cosmos d´Athéna, le trou se résorba et la coiffe fut vite comme neuve, brillant de mille feux entre les mains de la Déesse.

« Austrinus, viens à moi. »
L´assistance se figea.
Le choc s´affichait sur tous les visages.
« Austrinus, viens donc a moi. »

Tous les yeux se tournèrent vers l´ainé du groupe : le chevalier de Bronze du Poisson Austral.
Celui qui n´avait reculé devant aucun danger pendant la guerre était clairement en proie à l´incrédulité.
« Majesté… je ne suis qu´un simple chevalier de bronze… »

« Et donc le moins bien placé pour contester mes décisions. » répondit la déesse.

L´homme s´avança et Athéna plaça le casque sur sa tête. Elle posa une longue tunique sur ses épaules et ferma les boutons un à un jusqu´à devoir s´agenouiller devant l´homme.

Telle était la tradition. Le seul homme devant lequel la Déesse s´agenouillerait jamais était celui qu´elle plaçait ainsi au dessus de tous les autres. Le nouveau Pope. Le seul maitre des chevaliers en dehors d´Athéna.

Celle-ci se releva, sourit une dernière fois et disparut, tout simplement.

Seul le bandage imbibé de sang resta et fut emporté par le vent.
Le chevalier d´argent d´Orion l´attrapa au vol.
Réalisant qu´il avait dans sa main la seule trace palpable de sa Déesse, il enroula le bandage autour de sa ceinture, en faisant de fait son talisman personnel.

Personne ne parla pendant ce qui sembla une éternité…

Le soleil au dessus d´eux semblait briller toujours plus fort. Trop fort.
Tous relevèrent la tête pour apercevoir un être de lumière planer au dessus du Pope.

Athéna n´en n’avait pas encore fini avec eux.

La douce voix résonnait dans leurs cranes
« Je vais maintenant léguer mes dernières instructions au nouveau Pope »
Une petite bourse en velours apparut dans la main de ce dernier.
« Prends bien soin de ce qu´il y a dedans. C´est la clé de tout. »
« Quant au reste, il ne m´est pas possible de le transmettre avec des mots… »
La main du fantôme pénétra littéralement le crâne du Pope.
« Adieu chevaliers de l´espoir.»
Une explosion de lumière les aveugla.

Quand ils retrouvèrent la vue, il ne restait que la forme totem de l´armure d´Athéna.
Ce fut leur cœur plus que leurs yeux qui leur firent comprendre :
La Déesse avait quitté ce monde.
Comprenant qu´il ne la reverraient jamais, un terrible sentiment de solitude s´empara d´eux.
Malgré leur expérience au combat et leur courage, beaucoup étaient encore bien jeunes et n´avaient jamais vécu sans la déesse à leurs côtés…
Si les ainés parvinrent à retenir leurs larmes, ce ne fut pas le cas des autres.

La voix amplifiée par son masque, le Pope déclara :
« Enterrons nos camarades. Creusons leurs tombes, qu´ils puissent gouter au repos eternel. »

Le chevalier du Bélier, jusqu´ici insensible aux événements, se tendit d´un coup.
Le grognement guttural qu´il émit fit prendre conscience au groupe qu´il était observé par un nouvel arrivant.

« C´est cela ! Creusez ! Ainsi vos propres tombes seront déjà prêtes, ah ah ah ! »

Tous se tournèrent vers celle dont la voix résonnait comme mille.
Eris, la déesse de la discorde les toisait du haut de la colline.

« Battez-vous chevaliers ! Venez perdre la vie sous mes coups. Et pour ceux qui refuseront de mourir trop vite, je ressusciterai leurs illustres prédécesseurs afin qu´il finissent le travail à ma place. »
Ses yeux trahirent la rancœur et la haine ressassées plusieurs siècles durant dans sa prison de pierre.
« Voyons combien de temps trois chevaliers d´or, cinq chevaliers d´argent et onze chevaliers de bronze peuvent tenir face à mes armées»

Le chevalier du Bélier poussa un cri si bestial qu´Eris elle-même en fut surprise.
Il se prépara à charger la Déesse, lançant ainsi le signal de l´assaut.

Eris se reprit, éprouvant un plaisir visible à l´idée d´un carnage général.
Elle concentra son cosmos afin de réveiller les morts tout autour du globe.
Les chevaliers qui n´était pas près pour le combat s´empressèrent de revêtir leurs armures sacrées.
Le Pope s´avança au devant des troupes, Nike dans la main droite. Il leva le bras, comme pour lancer l´assaut.
A la surprise générale, il se retourna vers ses troupes.

« Nous ne nous battrons pas »

« Grand Pope ?! » interrogea le chevalier d´or de la Vierge.

« J´ai dit que nous ne nous battrons pas », répéta le Pope en calmant Victor d´une simple main sur l´épaule.

Le chef des chevaliers avança jusqu´au sommet de la colline et tendit le sceptre à Eris.

« Nous ne nous battrons pas contre la protectrice de la Terre. Nous la servirons »

Eris elle-même crut mal comprendre.
Certains chevaliers commencèrent à s´exclamer, mais ce qui se passa ensuite les fit taire pour de bon: l´armure d´Athéna avait entièrement recouvert Eris.
Le Pope se retourna vers ses troupes et fit un signe de la main.
Un signe sans aucune ambigüité.

Tous les chevaliers se rappelèrent le serment fait à leur déesse et s´agenouillèrent devant leur nouvelle maîtresse.
A sa propre stupéfaction, Eris régnait désormais sans aucune restriction sur ses ennemis millénaires et la planète Terre…

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